Découvrez Florent Pagny!
(Un chanteur que Fio aimait beaucoup, une belle chanson)
Aujourd'hui le soleil ne brille pas ici.
Aujourd'hui, le ciel est gris, il pleut, le vent souffle, il fait frais.
Nous devions passer la journée à Avignon mais le temps n'est pas engageant. J'en profite pour prendre mon temps...(note de Marie), penser, écrire.
Ce matin, je me suis réveillée avec la panique au ventre quand je me suis rappelée que Fiona n'était plus là.
Oui ça m'arrive encore très souvent d'ouvrir un oeil le matin, de penser à ma nénette avec tout l'amour d'une mère et de subitement me rappeler qu'elle est partie il y a plus d'un an.
L'amour.
Vous savez cet amour si particulier, celui qui vous remplit le coeur, celui qui vous montre à quel point la vie est belle, celui qui vous fait pousser des ailes. Cet amour protecteur qui vous rend si fort pour votre enfant et qui parfois vous fait si mal quand vous lisez dans ses yeux la souffrance. Cet amour indestructible qui traverse le temps, l'espace, qui n'a aucune limite.
Parfois, au travers de ses yeux couleur noisette, je sentais cette intensité que je n'ai jamais ressentie autrement qu'à travers elle. Cet amour immense. Et je me sentais alors transportée par cet élan d'amour immesurable. L'envie de la serrer. Je la prenais dans mes bras, je la serrais en lui disant des « je t'aime » et des « je t'aime si fort ». Elle souriait et finissait toujours par laisser s’échapper son petit fou rire en cascade. Elle adorait les élans du cœur, les mots d’amour, les gestes de tendresse. C’est marrant comme tout son entourage lui disait « je t’aime » avant tant de facilité. Mot encore si tabou pourtant dans les relations humaines.
Cet amour de mère, je l’ai vécu avec tant de force.
Et si fâcherie il y avait, je me sentais pleine de culpabilité et de tristesse.
Parfois, Fiona arrivait au centre en pleurs et disait à sa cop’s Michèle « je n’aime pas être fâchée avec maman ». Parce que la préparation du matin s’était faite dans la rapidité et le coiffage s’était mal terminé…
L’amour d’une mère, c’est aussi la peur de la séparation, la peur que son enfant parte, un jour comme ça, sans prévenir. Toutes les mamans « différentes » (…) connaissent ce sentiment impuissant que l’on essaye de combattre en ne pensant qu’aux moments présents.
Fiona avait peur de mourir. Très peur. Et sa peur que je meure était aussi grande. Elle en parlait avec Julie, son éducatrice. Elle disait « mon bien fait son chemin ».
Son bien, c’était l’éventualité d’une trachéo, je crois.
Un jour alors que j’étais à Lyon pour un salon elle lui avait dit que « j’étais partie au mauvais moment, qu’elle avait besoin de moi. »
Elle a passé une période avec cette peur au ventre. Sa peur me hantait, j’essayais de trouver les mots pour la rassurer, la réconforter. Je minimisais ses problèmes respiratoires pour la protéger. Je lui ai menti.
Cet amour je l’ai toujours en moi. Avec la même intensité, avec des élans incroyables quand je me noie dans mes pensées. J’ai ce désir si fort de la prendre dans mes bras et de l’embrasser. Toucher sa peau si douce. Lui caresser ses belles boucles. Sentir son souffle contre ma peau.