Un Grand Homme.
Hakim est un Grand Homme dont les mots m’ont fait frémir.
Oui, j’ai vibré à chaque lettre, chaque mot, chaque phrase.
Ses textes m’ont transportée.
Les expressions de son visage aussi.
J’ai revu et revu la vidéo de l’Abbé Pierre.
Cet Abbé Pierre dont j’avais fait référence au jeu de Danny, en répondant sans hésiter une seconde à la question « Si vous étiez une personne connue » :
« l’Abbé Pierre pour sa franchise, sa faiblesse avouée, son amour sans limite ».
J’ai osé aller à la rencontre d’Hakim ce soir là. Le désir de lui parler dépassait de loin ma timidité. Et nous avons échangé quelques mots sur son slam « L’Autre ».
Hakim je te remercie pour ta gentillesse, tes mots réconfortants et de m’avoir envoyé comme promis ce texte qui m’a profondément touchée.
L’autre
L’handicapé : non voyant, non entendant, non valide, on leur a toujours dit : « NON » !
C’est pas parce qu’on est différent, qu’on est pas pareil !
Le paralysé :
Je suis à mobilité réduite
Et on réduit ma mobilité
Mes pieds dans leur prison
Ont des rêves d’évasion
Moi je voudrais voyager
Sans ménager ma monture
Je voudrais m’envoler
Mais trop lourde est l’armure
Qui me cloue à ce sol
Comme les racines d’un arbre
Eux, leurs feuilles s’envolent
Moi, je reste de marbre
Les bras croisés
Les jambes pliées
Ce dont on me prive
Tout ce qu’il vous arrive
Moi je le vis assis
Ou allongé sur mon lit
On m’aide par des compliments
On m’aide par des compléments
Je ne peux pas me mouvoir
Mais je peux m’émouvoir
Mais mon fauteuil roulant
Ne vaut pas le déplacement
L’aveugle :
Je n’ai plus le sens de la vue
Mais garde en vue tous mes sens
Mes pas à la baguette
Se font à l’aveuglette
La lumière de mon regard
Est une ombre qui me poursuit
Le soleil éteint son phare
Et m’a présenté la nuit
Et l’obscurité veille
A maintenir sa bâche
Où la lumière du soleil
Vient jouer à cache-cache
Les couleurs éclatantes
Sont restées sous sa tente
Ce dont me privent les humains
M’est offert par un chien
Le sourd :
Vous, les signes du langage
Moi, le langage des signes
Vous avez le poids des mots
Moi, la lourdeur du silence
Il y a la surdité
Et puis l’absurdité
« Vous avez le droit de garder le silence »
Et moi j’ai le droit de le rompre !
Le muet :
Il y en a réduits au silence
Et d’autres que le silence réduit
Le pire n’est pas d’être privé
De l’usage de la parole
Le pire, c’est quand je vois l’usage
Que vous faites de la parole
Vous jetez l’anathème
Sur des mots espérés
Vous pouvez dire : « je t’aime »
Et vous vous en privez
Il y a moins de sourds-muets
Qu’il y a de sourds
Qui sont restés muets
Car vous pouvez dire : « je t’aime »
Et vous vous en privez
Le fou :
Je suis le fou qu’on garde
Avec des garde-fous
On m’appelle « le débile »
On rigole de nous
Et j’ai trouvé asile
Dans une maison de fous
Moi je suis le fou
Dans ce monde de dingues
Dans cette vie où
On tue pour des fringues
Car il y a le fou du roi
Et le roi des fous
Des Hitler, des Mobutu
Ont un succès fou
Des fous à lier
Et des alliés fous
Il y a des tabous
Sortis de vos écoles
Où l’amour fou
Est une idée folle
Les nains :
Je suis de petite taille
Alors on taille les petits
On a fabriqué
Le haut et le bas
La haute société
Et la France d’en bas
On veut être normal
Pas être rabaissés
Ni au pied du mur
Ni un piédestal
Juste un pied…d’égalité !
Et malgré l’humour que suscitent nos sens
On a gardé le sens de l’humour
LE PARALYSÉ : lorsqu’on me dit : « Ca marche »
Et que je réponds « Ca roule »
LE MUET : lorsqu’on me dit « Je te crois sur parole »
Et que je réponds avec les mains
LE SOURD : lorsqu’on me dit : « Je s’rai toujours à l’écoute »
Et que je réponds : « Alors on va pouvoir s’entendre »
L’AVEUGLE : lorsqu’on me dit : « J’espère qu’on se reverra »
Et que je réponds : « Moi aussi »
L’handicapé :
On l’a toujours dévisagé
Regardé de la tête aux pieds
LE SOURD veut être entendu
LE MUET veut qu’on en parle
LE PARALYSÉ veut que ça bouge
Et tout cela L’AVEUGLE…voudrait le voir
PAROLES D’HAKIM
POUR REX & FAUST