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Elle m’a appris la profondeur des yeux, le livre ouvert de nos émotions, le parchemin de notre passé, de nos richesses, de nos forces et nos faiblesses.
Elle m’a appris les mots du regard, les lettres qui dansent comme des étoiles, celles qui se posent sur le cœur, soignent les maux, cicatrisent les plaies, réconfortent et rassurent.
Elle m’a appris le silence du regard qui parle, chante.
Ce silence, langage du cœur.
Elle m’a appris le regard.
M’y noyer pour mieux m’y imprégner et comprendre.
Reconnaître l’autre et l’aimer…
Tu me manques tant et tant, tes yeux se sont superposés aux miens, ton cœur est en moi.
Je t’offre à toi ma nénette, ce diaporama de regards, du vague à l’âme au sourire et au rire.
Cela fait 8 jours que je suis rentrée du Maroc le cœur et la tête pleine. Ça ne désempli pas depuis...
Et comme je l'ai écrit à Anne, l'organisatrice du stage : « Je suis revenue un peu changée, plus sûre de moi et de ce que je veux au fond de moi et soucieuse de ce qui est bon pour moi. Maintenant, je vais avancer et aller là où le vent m'inspire et ce vers quoi j'aspire, sans perdre de vue mes convictions de toujours et sans me perdre moi même. Je viens d'ouvrir la première porte et je compte ouvrir les prochaines en grand ! »
Sans parler des belles amitiés naissantes qui font chaud au cœur : Sophie, Olivier et Guillaume.
Dans l'avion du retour, j'ai revécu subitement, sans m'y attendre et sans connaître la raison, l'émotion douloureuse ressentie la semaine du décès de Fiona alors qu'elle était à la maison, dans son lit, attendant le jour des obsèques. Tout y est passé, de la panique, à la détresse, en passant par les odeurs qui planaient dans la maison, son parfum, la sensation d'irréalité. Bref un passage de ma vie qui est gravé en moi et qui, sans crier gare, est ressorti à un moment inapproprié. On a beau essayer d'enfouir au fin fond de notre âme les morceaux de puzzle douloureux, il n'en reste pas moins qu'ils font partie de notre être, de notre vie et qu'ils font ce que nous sommes. Un jour peut être, arriverais je à penser sans frayeur, à ces instants terribles...
Elle me manque. Quand je suis à Mareil, la sensation de manque est encore plus grande. Je rentre dans une pièce et je la vois telle qu'elle était, assise dans sa coque, le sourire aux lèvres ou riant. Je ne comprends toujours pas et certains détails de son décès me pèsent affreusement.
Nous avons trouvé des acquéreurs pour notre maison, le compromis de vente sera signé mercredi. Nous devons quitter la maison avant le 15 septembre. Je vais devoir m'atteler aux rangements, mettre toute une tranche de vie dans des cartons. Ranger sa chambre laissée en l'état, sa table de bureau qui semble l'attendre... Je m'en sens tout simplement incapable.
Mais je vais bien.
Ce midi, nous allons déjeuner chez Caro, son amie, IMC comme elle. Caro communique comme Fiona, avec son petit clavier. Je suis heureuse de la voir, très heureuse, même si je sais que plus que n'importe quelle autre personne, Caro me fait penser à Fiona.
Mardi, je rejoins un ami au Grau du Roi, pour une animation grimpe d'arbres adaptée pour des d'enfants handicapés. Je vais prendre quelques photos afin de vous montrer le bonheur qui se dessine sur tous les visages ! Une bonne leçon de vie comme toujours...
Avant de vous quitter, un petit mot à notre Pat le Sarthois que j'ai rencontré enfin en vrai de vrai au salon de Lyon ! J'étais heureuse de te voir mon Pat et de faire connaissance avec Thérèse la fouine. Tu es tel que je l'imaginais, tel que je t'avais vu derrière la webcam !
Un gros bisou à tous, un énoorme à Marie, mon amie, à qui Fiona avait écrit 5 jours avant son départ : « ON A LE CORPS FATIGUE TOUTES DEUX. SANTE FRAGILE EST NOTRE FAIBLESSE MAIS LE COEUR RESTE FORT. » Et c'est vrai Marie a un cœur gros comme ça !!!
Hier nous sommes allées, ma mère et moi, rendre visite à Cécile et Vincent, mon ami d’enfance.
Nous avons d’abord rencontré Cécile dans sa chambre. Elle n’a pas changé depuis ces quelques années que ne l’avions pas revue. Malgré ses chaussettes avec sa jupe plissée qui ne lui ressemblent guère et ses cheveux longs, raides et blancs, elle n’a pas changé. Elle a toujours cette élégance qui la caractérise si bien.
Elle était surprise de nous voir et s’est demandée qui nous étions. Il semble qu’elle se soit rappelée de ma mère. Quant à moi, je ne crois pas.
Nous avons longuement parlé de vieux souvenirs. Sans cesse, elle répétait que son cerveau rétrécissait. Elle nous a donné des exemples précis : elle reconnait la porte de sa chambre mais au delà de cette porte, elle ne sait plus très bien ce qu’il y a. Il lui semble quand même que c’est un couloir mais où mène ce couloir ? Non, elle ne sait pas car elle oublie systématiquement.
Elle sait que son fils n’est pas loin. Mais elle ne sait plus trop bien où et si elle le voit. Elle croit bien le voir de temps en temps mais elle n’en est pas certaine.
Son cerveau rétrécit. Elle nous mimait le carré dans lequel est emprisonné son cerveau, carré qui se resserre au fil du temps.
« Peut être est ce mieux de ne pas se rappeler… » nous disait-elle.
Puis « je ne suis pas à plaindre, il y a bien pire que moi. »
Et « mon cerveau rétrécit, je n’arrive pas à me rappeler. »
Elle ne se rappelait plus qu’elle avait deux sœurs. Mais en réfléchissant, elle s’est souvenue des prénoms. Oui, ça lui ferait plaisir de les voir mais elle ne veut pas les obliger…
Drôle de maladie.
On a beau voir des films qui dépeignent à la perfection le sentiment d’impuissance face à quelqu’un dont la mémoire s’évapore (« Loin d’elle », « N’oublie jamais » et « Se souvenir des belles choses » à voir et revoir !) ou des émissions traitant ce sujet avec beaucoup de clarté, on se sent malgré tout totalement désemparé lorsqu’on se retrouve face à une personne que l’on connaît depuis plus de 45 ans, et dans les yeux de laquelle on lit la souffrance de ne pas se rappeler des mêmes souvenirs…
Il y a un sentiment d’isolement dont Cécile nous a très bien parlé.
Ensuite, nous sommes allés avec Cécile dans la chambre de Vincent.
Avec ma mère, nous ne nous attendions pas à ce choc.
La maladie de Huntington est une maladie sournoise et cruelle qui vous tue à tous petits feux. Jamais, jamais je ne pourrais oublier cette image.
Je lui ai pris la main et je lui ai parlé. Il comprend. Son esprit, même s’il n’est peut être pas intact est encore bien présent. Je suis restée un petit moment seule avec lui. J’ai essayé de tester une communication avec le clignement des paupières…mais bien sûr, ce n’est pas en une seule visite que l’on peut établir une telle relation de confiance. Il était trop envahit par l’émotion de nous revoir. Il s’énervait et essayait de parler.
Mais je sais que si ma présence lui fait du bien et qu’il le souhaite, nous y arriverons.