Quelques bourgeons timides pointent leur nez pendant que d’autres ont déjà éclaté laissant leurs fleurs impudiques à notre regard émerveillé. L’herbe folle tapisse nos jardins nous offrant par ci par là quelques sauvages pâquerettes qui nous ramèneront une fois de plus à nos plus tendres années lorsque nous les effeuilleront « il m’aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie… ». La folie comme celle du printemps où tout ne demande qu’à jaillir, de la nature à nos émotions oubliées et endormies le temps d’un hiver maussade.
Alors, face à ce spectacle multicolore, le cœur en joie, nous restons béats comme des enfants que nous sommes toujours, excités à l’idée du bonheur que va nous procurer l’odeur d’herbe fraîche après la tonte, la terre mouillée après l’orage d’été, ou les rires lointains d’enfants qui résonneront dans l’air comme à aucun autre moment qu’ à cette saison qui rend les sons si différents. Ou encore, la seule vue d’une rose éclatante dont la douceur des pétales et le subtil parfum nous apporteront cette simple quiétude.
Et nos esprits partiront vers nos chemins de campagne où tout n’est que pure merveille, vers nos vignes vertes gentiment alignées, vers nos ruisseaux regorgeant de tant plaisirs, nos forêts fraiches et paisibles, nos villages de pierre silencieux baignés par le soleil. Et le sentiment le plus intense qui ressortira de nos cœurs est la Liberté. Ce sentiment de liberté dont nous nourrit le printemps, cette sensation que tout est possible, que nous sommes forts, prêts à tout, en vie.
Et moi, dans mon esprit, je penserai comme chaque instant à toi ma fille, mon unique, ma moitié de cœur arraché et je t’imaginerai dans ta verte prairie, tes cheveux bouclés au vent, souriant le visage illuminé par une douce sérénité. Et je repenserai à ces pâquerettes que nous effeuillions ensemble « Je t’aime un peu, beaucoup, passionnément… ».