Le 9 septembre j’écrivais une note intitulée « le bonheur » sur un texte envoyé par un ami (qui n’est autre que Pascal) et dont j’avais pris soin de modifier la fin :)
Reparlons du bonheur. Le bonheur dont on a réellement, je dirais même profondément conscience qu’à un moment donné de notre vie. D’ailleurs le bonheur n’est autre qu’un sentiment intense de joie qui nous envahit des pieds à la tête et nous donne la sensation d’avoir notre cœur énorme, débordant de joie. « Joie dans mon cœur », « joie pour moi de » disait Fiona.

Après un traumatisme, un bouleversement, un drame, on croit ne plus jamais pouvoir un jour ressentir cette si douce sensation. Et puis, un matin, on ressent ce petit quelque chose qui laisse penser que l’on refait surface et que même si l’on revient de loin, de très loin même, on a goût à nouveau à la vie tout simplement.
Et puis les mois passent, la douleur toujours saignante et à vif, mais le mental et le corps sont prêts à s’adonner à nouveau à une vie « normale » et paisible. Et les années passent, la douleur toujours saignante et à vif…même si la « joie » est présente.
Et un beau matin, on se réveille, en se demandant quand va cesser cette souffrance, ce manque insupportable, cette amputation qui fait atrocement mal. Car le CHAGRIN est toujours là.
Ce CHAGRIN impudique au bout de 3 ans ½, ce chagrin déplacé, ce chagrin qui ne devrait plus. Ce chagrin dont on a honte, que l’on cache, qui nous parait anormal. Ce chagrin dont certains se sont lassés avant même de l’avoir réellement entendu.
Alors aujourd’hui, j’ai envie de dire à qui veut l’entendre, à ceux qui ne se sont pas désinscrits de ce blog (qui est le blog de Fiona à l’origine qu’elle a créé le 1er novembre 2007, quelques mois avant son départ, pour les nouveaux inscrits qui l’ignorent), que j’ai du CHAGRIN.
Mon CHAGRIN est inconsolable, persistant, odorant, vicieux. Il reste scotché à moi, je le vire, je l’esquive, je l’assomme mais il revient encore plus virulent que la fois précédente, prêt à tout je me dis certains jours… Alors, j’essaye de l’apprivoiser, de l’aimer, de le faire mien gentiment, doucement, avec légèreté. J’essaye de le rendre moins agressif, moins cruel, plus distant… mais il s’accroche le salaud !
J’ai mis au monde un jour de juillet 1991 un ange plein de vie, un sourire au milieu d’un beau visage qui m’a appris tant de choses. J’ai été ses jambes, ses bras, ses mains, ses mots. Je l’ai soigné, je l’ai porté, je l’ai changé, je l’ai aimé, je l’ai dorloté pendant presque 17 ans, cet ange. Nous avons communiqué, échangé, nous avons rit, pleuré, dansé, chanté, crié, hurlé, vécu à fond. Nous nous sommes aimés. Nous avons fusionné à trois non stop durant toutes ces années. Avec Pierre, son beau papa, son père, son épaule.
Et un jour, un horrible matin, la vie décide sans prévenir et me retire mon enfant, mon unique enfant. Plus rien.
J’ai survécu. Je suis là dans un monde qui me parait si distant parfois, mais je suis là. Je suis là, mieux qu’avant et moins qu’avant. Oui je suis là. Mais putain ce CHAGRIN fait mal et jamais ne cesse…
« Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite, cours-y vite. Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite. Il va filer. » Merci Pascal de m’avoir rappelé ce texte…