Je ne savais pas à quel point ce serait si difficile. J'ai envie de m'agenouiller dans un coin et de ne plus bouger...Fermer les yeux, ne plus jamais bouger, rester là.
Plus rien n'a de goût aujourd'hui.
Dans un tiroir, j'ai trouvé quelques écrits de Pierre qui date d'il y a un an.
"Je n'ai pas oublié, non cela serait trop facile et contre nature. Il manque notre petite Fiona, notre fille. Celle qui nous a toujours accompagnés, suivis. A mon tour je suis désespéré. Rien de plus naturel alors de prendre la main de Patricia et de la serrer très fort. Un moment à nous. Un moment partagé par le même amour, la même histoire, la même fin. Je sais que sa douleur est plus forte, c'était sa fille, son sang, sa fille unique. Unique au sens propre comme au sens figuré. Fiona. Jamais je n'avais rencontré une personne si différente...Non seulement sa beauté mais son regard qui nous attire comme un aimant. Elle était devenue ma fille et j'avais bien de la chance. Chaque regard en disait long et ses yeux de petite femme qu'elle était devenue semblaient vous guider dans la vie."

"Je refuse de reconnaitre qu'elle est partie. Je ne la connaissais pas les trois premières années de sa vie, mais il n'était pas trop tard ensuite pour rencontrer mon ange. Assommé par cette phrase, j'essaye de me calmer mais il n'y a pas grand chose à faire. C'est donc ça l'absence de quelqu'un qu'on aime. Je sais reconnaitre les moments clés de mon existence. Et ma rencontre avec Fiona en fut un. Mais il y a aussi la vie. Quelques fois la vie a du goût. J'essaye de partager ces moments avec Patricia mais sur la pointe des pieds de peur de la choquer ou de m'éloigner de ma petite étoile."

"Nouvelle journée, nouvel effroi et encore cette absence qui tambourine sans cesse dans mon coeur. Cette musique est désuète mais les jours se succèdent et son souvenir nous happe sans prêter garde comme un boulet de canon tiré à feu rouge. Tout est inconsistant. Comme pris de nausées, je suis frappé d'un mal inexplicable. Celui de l'amour d'un père qui attend, qui attend encore de la retrouver un jour."

Pierre, merci pour ta présence durant toutes ces années auprès de Fiona et moi. Merci d'avoir été le papa que tu as été, merci pour cet amour que tu as su si bien partagé avec elle, ces moments de tendresse, ces moments de franches rigolades et tous les soins que tu lui as apportée au même titre que moi, sans aucune crainte de ta part.
Tu as été un homme exceptionnel à la hauteur de toutes les situations même les plus dramatiques et douloureuses que nous avons vécus avec Fiona.
Je sais que d'où elle est, elle ne cessera jamais de veiller sur toi et de t'aimer de son amour si pur.